Un ange étrange

Un ange étrange de la fange qui mélange

Ange de la Fange (son titre aristo)

Travaille la nuit, s’étourdit juqu’au vertige à faire un lien entre Krishna, les séries télévisées, les scooters et les vendeurs auto-moto, les matériaux, les tapis dans les vieux appartements bourgeois, les goûts d’un antiquaire à Poitiers, les cafetières en plastique, son existence à lui, et les couloirs de rapports, comme des couloirs de bureaux en quand même plus souple.

Il voudrait que tout cela, par exemple, puisse finir par s’accorder en un seul et même mouvement du bras, de la main.

Essayons, avec cette main droite, par exemple, de faire une zone de contentement, avec alcôves si besoin, avec une pause si besoin, mais sans secousses, pour rassembler tout cela.

 

La fierté de nos cultures, c’est la séparation, la valeur suprême.

Sans cela, tout s’effondre.

 

Ces mêmes séparations procurent malgré tout une profondeur infinie de l’étonnement.

 

J’imagine l’étouffement, pour un enfant, si on lui annonçait la couleur de tous les changements d’ambiances et de lumières, d’une pièce à l’autre.

« Tu vois, ça c’est l’odeur d’un soldat de la légion étrangère hypnotisé par sa grand mère, et là, tout de suite, c’est un maharadjah indien dont l’éducation anglaise lui fait de loin imiter inconsciemment l’appartement et la disposition des meubles de l’appartement d’un Tsar russe, dont le petit fils, russe blanc, arrivé près d’Amiens a créé une entreprise de pantoufle.

Ça tu vois, mon petit, dans cette pièce c’est un reste de parfum de jet-set niçoise c’est pour ça que les rideaux sont roses et transparents.

Vouloir dérouler les codes et références et les rentrer de force au marteau-pilon dans le corps d’un petit être serait désespérant, et pourtant, c’est ce qu’on s’applique à faire, tous les jours, et de manière sourde.

 

On offre de l’émiettement et on recouvre le tout d’une couche de vernis, toxique, vaguement homogène.

Je mélange plusieurs choses, n’est ce pas ?

0 quelles catégories appartiennent donc tout ce que je viens de mélanger ?

Allez, on y va, vous avez cinq minutes pour faire des familles bien séparées, qu’on appellera des ensembles.

 

Ils sont tous éteints, morts, partis, je suis seul sur terre et constate l’abandon final.

J’essaye de respirer pour ne pas à voir à faire aux montagnes russes de souvenirs.

Mais je dois remballer tout cela parce que tout le monde est encore là et je me fais des idées.

Puis l’idée que les enfants devraient faire avec leur doigt tourner leurs jeux sur des murs plutôt que sur des tablettes, sur des murs au moins, on peu être à plusieurs.

Puis le téléphone sonne, une femme appelle, de la police et me notifie que je devrais payer 3500 euros pour conduire un scooter sans permis.

Ça va le réel nous maintient, il nous rappelle à l’ordre, nous donne un corps.

 

On peut noter le raffinement français, sa distinction à distinguer chaque chose dans ce temps si vaste.

Un aigle français de là-haut pointe avec tact le point précis où il veut arriver, précise et finalise son action par un vol en piqué dans le chaos innommable du ciel pour atteindre un temps précis.

Futur antérieur, plus qu’imparfait, excellence du passé antérieur…

Dans cette échelle de valeurs oppressante à souhait, tout mélanger est un délice volé aux Dieux du discernement.

-Mélanger par exemple son état intime avec celui du pays.

Mais même dans ce trouble profond, un jeu de l’oie possible apparaît dans le chaos.

Recoller ses morceaux internes avec comme plan de travail la géographie des quartiers, d’une ville au choix.

Vous entrez dans la ville, qui vous semble aussi confuse que vous même, aussi triste que le fond de votre cœur.

Vous allez au hasard.

Puis vous verrez que le simple fait de faire une liaison entre les quartiers peut vous remettre d’aplomb.